La Havane, le 15 septembre 2023
- Monsieur Miguel Diaz-Canel, Président de la République de Cuba,Président en exercice du G77+la Chine, et Cher Frère,
- Chers Collègues,
- Monsieur Antonio Guterres, Secrétaire-général des Nations-Unies et Cher Frère,
- Honorable assistance,
- Mesdames et Messieurs,
Monsieur le Président, je voudrais, au nom de ma délégation, exprimer à Votre Excellence, ainsi qu’aux autorités cubaines, ma profonde gratitude, pour la généreuse hospitalité qui nous est réservée, et pour les bonnes conditions mises en place, afin d’assurer le bon déroulement de ce Sommet.
Le thème que nous abordons ce matin, intitulé « Défis actuels dudéveloppement: le rôle de la science, de la technologie et de l’innovation » s’inscrit parfaitement dans le contexte mondial, d’aujourd’hui.
Et la République de Cuba, qui est une terre de science par excellence, est donc une bonne référence en la matière, et le lieu approprié pour tenir cette rencontre.
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,
La gestion de la pandémie de Covid 19 a été une période d’apprentissage et de réveil des consciences, quant au rôle crucial de la technologie et de l’esprit d’innovation, pour la continuité de nos actions.
Tous secteurs confondus, la technologie et l’innovation constituent aujourd’hui, une grande partie des solutions à nos défis de développement.
C’est ainsi que la stabilité politique et sociale à laquelle nous aspirons tous,car gage de tout développement, est un défi réel pour lequel les solutionsexistantes restent nécessaires mais pas toujours suffisantes.
Sur le plan économique, les intégrations prônées par des organisations internationales telles que la CNUCED, l’OMC, l’OMD et d’autresorganisations régionales, constituent de véritables leviers de développement.
Nous soutenons ces intégrations, car nous sommes convaincus que leur réalisation se fera d’une manière efficace, avec les nouveaux instruments et lesnouvelles solutions technologiques.
Sous l’effet de la mondialisation, aujourd’hui le sort des économies se base sur des larges marchés où les technologies jouent un rôle de premier plan, ce qui rend nécessaires les intégrations économiques prônées de par le monde.
C’est ainsi que l’Union Africaine a crée une structure catalytique sur la transformation du continent en un marché unique en l’occurrence Smart Africa.
Ainsi, miser sur une économie axée sur les technologies et lesconnaissances est gage de compétitivité du continent à l’échelle mondiale.
« Les TIC ont la capacité d’uniformiser les règles du jeu au niveaumondial, de libérer le capital humain et d’exploiter tout son potentiel » comme l’a rappelé le Président Paul Kagamé, Président du Conseil d’Administration de Smart Africa.
La Zone de Libre Échange Continentale Africaine lancée en 2018 et dont on m’a confié, pendant ma Présidence de l’Union Africaine de cette année 2023, la mission d’accélérer la mise en œuvre, ne peut se concrétiser efficacement qu’avec la numérisation de nos économies.
Monsieur le Président, Honorable assistance,
Au niveau international, nous tenons à saluer l’initiative de Pékin sur lacoopération numérique pour stimuler et dynamiser l’économie mondiale.
Cette volonté qui constitue un volet important de la grande initiative chinoise « de la ceinture et de la route » vise à un paysage mondial del’économie numérique « équilibré, coordonné et inclusif » sur la base d’une coopération gagnant- gagnant.
De même, en matière d’innovation, nous voudrions aussi saluer l’initiative de l’Inde pour la création, en marge de la réunion du G20 de Delhi, d’une nouvelle alliance pour les biocarburants de 4ème génération ou algocarburants.
Il s’agit d’un défi majeur de la transition énergétique, avec des grands enjeux économiques et environnementaux pour le monde entier.
Permettez-moi, d’ailleurs, de saisir cette occasion pour remercier, encore une fois, les pays et les organisations qui ont contribué à l’intégration del’Union Africaine au sein du G20, dont l’admission officielle a été actée, lors du dernier Sommet du Groupe, tenu àNew Delhi, les 9 et 10 septembre derniers.
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,
Il va sans dire que le recours aux innovations et aux hautes technologies, incluant de nouveaux concepts tels que l’usage de l’intelligence artificielle et le cyberspace ne sera pas sans conséquence sécuritaire, et de gouvernance pournos sociétés.
Cependant le défi réel de développement, eu égard à la science, aux technologies et à l’innovation, demeure le grand risque d’un élargissement dufossé qui sépare certains pays par rapport à d’autres dans le domaine.
Le non accès aux infrastructures et aux solutions technologiques adéquates pour un certain nombre de pays, par manque de ressources, éloigne d’avantage l’idéal intemporel d’UNE famille « mondiale », d’UNE terre et d’UN avenir »rappelé par le Secrétaire général des Nations Unies, lors du dernier G20 de New Delhi.
Monsieur le Président,
Dans la mesure où les populations de la majeure partie des membres du G77+Chine risquent d’être laissées pour compte par rapport à undéveloppement déséquilibré axé à la science, à la technologie et à l’innovation, cette assise de La Havane, devrait encore une fois, rappeler la nécessité d’une solidarité internationale effective.
Nous exhortons, alors, ce Sommet de définir les grandes lignes d’unmécanisme concret, permettant l’accès à la révolution numérique à ceux quin’en ont pas les moyens.
Monsieur le Président, Honorable assistance,
Il importe de rappeler que parmi les principaux défis en rapport audéveloppement auquel nous aspirons tous au travers de la science, de la technologie et de l’innovation dans leur contexte actuel, figurent ses méfaitsaux conséquences dévastateurs.
Ceci est vrai avec la cybercriminalité aujourd’hui; il le sera davantagedemain avec l’intelligence artificielle, le cyberespace et les manipulations génétiques.
Cette évolution a donc besoin d’être encadrée, maitrisée et sécurisée àl’échelle mondiale, sur les plans juridiques et opérationnels.
Déjà, les pays ou groupes de pays avancés dans le domaine, sont en train de réfléchir sur un balisage légal et règlementaire comme normes mondiales.
Encore une fois, Monsieur le Président, ce Sommet de La Havane est une occasion pour nos pays en développement de jeter les bases, d’une réflexion commune, aux fins de prémunir nos populations des conséquences sécuritaireset de gouvernance, relatives aux sciences et aux technologies non maitrisées.
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
L’Union Africaine s’est engagée aux côtés de la communauté scientifiqueparce que nous sommes parfaitement conscients de sa pertinence.
En effet, comme le dit le Centre Africain pour les Etudes technologiquesde Nairobi, dans son dernier rapport, « la science, la technologie et l’innovation sont des facteurs clés pouvant contribuer à l’accélération du processus dedéveloppement durable du continent africain et que la production de connaissances et l’innovation sont essentielles pour créer de la richesse dans les États africains ».
C’est donc pour répondre à ce besoin que notre organisation continentale aélaboré sa propre stratégie décennale en matière de science, de technologie etd'innovation, pour l'Afrique 2024 - le STISA2024, dans notre jargon.
Cette stratégie scientifique sur 10 ans est naturellement en résonnance avec l'Agenda 2063 de notre organisation et nous sommes déterminés à faire de cecadre de réflexion et d’actions, en faveur de la science africaine, un outil efficient qui balise et oriente avec cohérence, nos efforts et nos investissements, en matière de recherche fondamentale et appliquée.
Excellences, Honorable assistance,
Je voudrais rappeler que la science est un grand atout mondial et que, ne pas tenir compte des résultats collectés sur le continent africain et plus largement dans les pays du Sud, il y manquera des pièces essentielles à la connaissance de l’univers et de ses lois.
N’a-t-on pas longtemps minimisé la rapidité et l’ampleur du réchauffement climatique par manque de données fiables en provenance de nos pays?
De ce fait, limiter notre perception de la science, de l’innovation et de latechnologie à des outils d’aide au développement est largement insuffisant.
C’est cette compréhension de notre responsabilité globale qui anime l’Union Africaine, afin de mettre la science au cœur des ambitions collectives de notre continent et du monde.
Au moment de conclure, je voudrais, en ma qualité de Président del’Union Africaine, renouveler à Vous Monsieur le Président, et à travers vous, au Gouvernement et au peuple cubains, nos très sincères remerciements etnotre profonde gratitude pour votre accueil chaleureux et votre hospitalité.
Je vous remercie.